Francophonie canadienne : Une minorité commune oubliée
Plusieurs d’entre nous ici à Vanier tiennent une cause à cœur. Que ce soit l’environnement, l’éducation, la justice sociale ou le multiculturalisme, c’est toujours cette passion qui nous aidera à transformer la société pour le mieux. Ce qui me sensibilise le plus dans notre monde, c’est un sujet que, malheureusement, de nombreux Canadiens ignorent. Cette cause est la protection et la survie de la francophonie canadienne.
Tout d’abord, je dois admettre que l’apprentissage du français n’a pas été un jeu d’enfant pour moi. Ironiquement, étant le fils de Franco-Saskatchewanais qui ne parlaient pas français, j’ai dû faire des efforts supplémentaires pour m’améliorer en français. Heureusement, j’ai réussi à surmonter mes difficultés et, aujourd’hui, je suis très fier d’être parfaitement bilingue. Malheureusement, c’est une compétence que la majorité des Canadiens n’ont pas. Le plus triste, c’est que de nombreux Franco-Canadiens qui vivent à l’extérieur du Québec perdent cette capacité vitale pour la survie de leur culture.
Ce n’est un secret que le Québec est la seule province officiellement francophone du Canada. Que vous soyez d’accord ou pas, nous devons conserver notre majorité francophone. Même si les francophones sont majoritaires au Québec, ils restent quand même minoritaires sur la scène nationale. Il existe encore des communautés francophones dispersées à travers le Canada. Malheureusement, plusieurs d’entre elles sont sur le point de disparaître, surtout dans l’Ouest canadien. Même si la constitution canadienne protège la langue française, nos voisins francophones de l’Ontario et des Maritimes sont toujours attaqués.
En décembre 2018, en Ontario, le gouvernement de Doug Ford a annoncé l’annulation de la première université franco-ontarienne. Heureusement, après de nombreux contrecoups de la communauté franco-ontarienne, du gouvernement fédéral et de l’ensemble de l’Assemblée Nationale du Québec, le gouvernement de l’Ontario est revenu sur sa décision. Au Nouveau-Brunswick, seule province bilingue au Canada, nous avons un premier ministre et un gouvernement anglophones unilingues. De plus, nous sommes témoins au Nouveau-Brunswick de la montée de l’Alliance des Gens, un parti politique aux racines et aux politiques anti-bilingues. Étant donné que le Parti progressiste-conservateur dirige ces deux provinces, je crains que de nombreux francophones conservateurs ne se sentent aliénés par leur formation politique.
Puisque nous sommes la seule province officiellement francophone, nous, les Québécois, devons agir comme flambeau d’espoir pour nos homologues franco-canadiens. Bien que le Québec ait des liens économiques et culturels avec toutes les communautés francophones dispersées à travers l’Amérique du Nord, l’argent ne procurera pas le bonheur. Nous devons donc leur prêter attention lorsque nous agissons sur nos initiatives linguistiques. Ils vont aussi nous observer. Autrement dit, si la langue française nous importe, ce sera aussi pour eux. C’est ainsi que nous pouvons contribuer à la survie de la francophonie canadienne.
Comme je l’ai dit dans les paragraphes précédents, nous devons conserver notre majorité francophone. Si nous gardons le français comme la seule langue officielle au Québec, nous disons aux Franco-canadiens que le français demeure l’une de nos valeurs les plus importantes. Oui, je sais que nous avons une grande minorité anglophone au Québec. Par contre, si nous regardons à l’échelle nationale, voire mondiale, on habite dans un monde culturellement anglophone. Il ne serait pas juste de comparer le français à l’anglais.
Plusieurs de mes amis ont proposé officieusement d’abolir les écoles française et anglaise pour créer des écoles universelles bilingues. Malheureusement, si le Québec adopte cette politique, cela donnerait aux provinces anglophones une raison de suivre notre initiative. Et comme je l’ai dit, les francophones vivant à l’extérieur du Québec sont en danger de perdre leur langue, et nous vivons dans un monde culturellement anglophone.
Cependant, la protection de la langue française ne devrait pas être une raison d’ostraciser la communauté anglophone du Québec. Les Franco-Ontariens et les Anglo-Québécois vivent dans la même situation. En Ontario, la seule langue officielle est l’anglais, même s’il existe des grandes communautés francophones dans l’est et le nord de l’Ontario. Il est facile de voir un parallèle avec nos anglophones qui vivent au Québec. Puisque nous fréquentons un collège anglophone, il est également facile de comprendre ce que vivent les Franco-Ontariens.
Plusieurs politiciens et mouvements au Québec ont proposé de réduire et de restreindre les inscriptions au système d’éducation de langue anglaise pour améliorer et préserver le système d’éducation de langue française. C’est une proposition qui nous concerne directement. Encore une fois, si le Québec décide de donner suite à ces idées, cela inciterait les provinces anglophones à couper dans l’éducation française. Même si je réitère que comparer l’anglais et le français est une fausse analogie, c’est une notion que les provinces anglophones ignorent.
Malheureusement, quand on parle de politiques linguistiques au Québec, on semble toujours oublier les communautés franco-canadiennes. Ma sensibilité à la survie de la francophonie canadienne est la raison pour laquelle je me suis impliqué directement dans la politique, et plus particulièrement dans les politiques linguistiques et identitaires.
Enfin, le but de mon article est de partager avec vous ma préoccupation pour les Franco-Canadiens et de vous sensibiliser. J’espère que cela vous aidera à bien réfléchir aux conséquences que nos politiques linguistiques québécoises peuvent avoir sur les Franco-Canadiens.
By Roy Lesage